Book #55 : Petit pays de Gaël Faye


Édition : Grasset
Genre : Contemporain
224
pages
Publication : 2016
18 €


« J’ai beau chercher, je ne me souviens pas du moment où l’on s’est mis à penser différemment. » (p. 80)

Synopsis
Gabriel, 10 ans, vit au Burundi et nous entraîne dans sa vie quotidienne. Entre la vie paisible de l’impasse, où il vit ainsi que ses amis, et les conflits de la ville qui font s’affronter Tutsis et Hutus, le jeune Gaby va devoit quitter le monde de l’insouciance plus tôt que prévu.

Mon avis
Ce fut une très belle découverte, une écriture douce et pleine d’émotion. Même si je ne m’attendais pas vraiment à cette fin…
L’auteur nous narre l’histoire d’un petit garçon, Gabriel, né d’un père français et d’une mère rwandaise au Burundi. Un roman sur l’identité et sa quête acharnée, sur les racines (qui sommes-nous vraiment ?), c’est aussi un roman d’apprentissage car au travers de toutes ses actions le jeune Gaby va grandir (plus qu’il ne le voudrait lui-même) et se construire.
Les personnages sont attachants et très bien construits, même les personnages secondaires (sauf Innocent qui m’énerve de plus en plus au fil des pages !), et pour les enfants il est flagrant qu’entre le début et la fin du roman, ils ont changé, ils ont vraiment évolué. Jacques m’a plutôt fait rire, car derrière son côté raciste et tête de cochon, il apprécie réellement son « boy » et il est vraiment attaché à la vie qu’il a en Afrique qu’il ne quitterait pour rien au monde. Je suis en demi teinte concernant le personnage de la mère qui n’est pas plus présente que ça pour ses enfants, et cela dès le début du roman (bon une fois que sa famille a été victime de massacre au Rwanda, je comprends mais avant cela, je ne comprends pas sa volonté de s’éloigner d’eux et puis ce qu’elle fait subir à sa fille après son retour, c’est juste horrible…), du coup je ne la porte pas dans mon coeur même si je comprends sa détresse émotionnelle à la fin du roman (elle a tout perdu, ses racines, sa famille, ses enfants, son mari, sa vie en quelque sorte, une part d’elle est restée pour toujours au Rwanda parmi les morts). Quant au personnage de Gabriel, il est assez complexe car c’est à la fois l’enfant qui vit au Burundi mais aussi l’adulte qui vit en France. Du coup lorsqu’il parle, ou écrit ses lettres, on ne sait pas vraiment qui parle. Est-ce le petit garçon qui raconte ou bien l’adulte ? J’étais un peu perdu parfois… Bref, dans tous les cas j’ai trouvé vraiment dommage que le personnage de Mme Economopoulos ne soit pas mis en avant plus souvent dans le roman. Je trouve que c’est LE personnage qui permet à Gaby de réellement se protéger de ce qui arrive, et cela grâce à … la lecture ! Eh oui, lire peut vous sauver, vous permettre de rester à flots quand tout s’effondre autour de vous, ce peut être un point de repère et c’est ce qu’est la bibliothèque de la vieille dame pour Gabriel.
« Sous les draps, j’ai commencé à lire le roman, l’histoire d’un vieux pêcheur, d’un petit garçon, d’un gros poisson, d’une bande de requins… Au fil de la lecture, mon lit se transformait en bateau, j’entendais le clapotis des vagues taper contre le bord de mon matelas, je sentais l’air du large et le vent pousser la voile de mes draps. » (p. 169)
L’atmosphère du roman est en grande partie légère, elle s’assombrit peu à peu, puis à la page 206 tout s’effondre. De plus, concernant le récit en lui-même, je ne m’attendais pas vraiment à cela. Je pensais qu’une part plus importante serait donnée à la vie de Gabriel adulte, en France, car pour un roman sur l’exil (aussi), celui de Gaby n’est pas assez mis en avant, dommage. Là nous n’avons que la vie du jeune Gaby, puis son retour au pays, mais il me manque quelque chose entre les deux pour le récit soit vraiment complet.

En conclusion, c’est une très belle lecture, très poétique dont on ne ressort pas indemne. Un sentiment très fort nous submerge lors de la lecture et ce n’est pas quelque chose que l’on peut effacer comme cela. Je vous conseille cette lecture et cet auteur, une plume à découvrir ! Et vous, l’avez-vous lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

Bonne lecture et à bientôt !

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